Acha-Chafra – Jean-Louis Milesi

Acha-Chafra – Jean-Louis Milesi

4ème de couverture
Gilles est devenu spectateur de sa propre vie depuis que sa femme a cessé d’éprouver du désir pour lui. Déboussolé, torturé et confus, il erre dans un Paris peuplé de culs inaccessibles… lorsque son père l’entraîne au Havre afin d’y retrouver un ancien compagnon d’armes et tenir une promesse vieille de plus de 60 ans : le refoutre à l’eau. – Où l’on retrouve ce mélange d’humour et de gravité, de dérision et d’acuité, de grivoiserie et de poésie, qui fait l’univers de Jean-Louis Milesi. (extrait) Imaginons que j’ai tué mon père quand j’avais une vingtaine d’années. Pour quelles raisons ? Les mêmes qu’aujourd’hui. Imaginons qu’on ne m’accorde pas les circonstances atténuantes, et putain ! j’en ai les poches pleines de circonstances atténuantes ! Elles débordent et tombent sur la route. J’en aurais pris pour combien ? Pas vingt ans. Ou peut-être bien, après tout, c’est un homme respectable, mon père, ancien combattant et tout et tout, Grand Chevalier de l’Ordre du Mérite. Bon, arrondissons à vingt ans, j’en sors après quinze pour bonne conduite. Ça veut dire que depuis ma sortie de prison, il y a une vingtaine d’années, je suis débarrassé de mon père ! 

Mon avis
Je tiens tout d’abord à remercie le site Babelio de m’avoir proposé de lire et chroniqué ce livre, ainsi qu’à l’auteur de me l’avoir adressé gracieusement. 

Même si j’avais été enjoué à l’idée de le découvrir, sa couverture et son titre, une fois entre mes mains, m’ont quelque peu apeurée. Mais la peur a très vite fait place à la surprise, et au plaisir. 

Il faut le dire, ce livre est surprenant et bien plus abouti que sa quatrième de couverture veut bien le laisser croire. Tuer son père ? L’histoire est bien plus complexe et pour notre plus grand bonheur. 

Tout débute en effet par l’aveu du manque de désir de l’épouse de Gilles, notre narrateur. Ce discours donne lieu à l’électrochoc qui nous emmène au coeur de l’histoire, du voyage. Parce que c’est bien de voyage dont il s’agit. 

Voyage au coeur de la vie de Gilles, au coeur de sa famille, de ses relations à son père, à son épouse ou même à sa fille. 

Gilles narre, mais très vite son père prend un place importante dans cette oeuvre et même s’il peut être détestable, irritant, on finit quand même pas s’y attacher un peu.

On entre très vite dans l’histoire et chaque page qui passe nous donne envie d’en savoir plus, nous donne la hargne de découvrir où l’auteur veut nous emmener. Et il nous emmène, avec lui, en train, en corbillard ou en bus. Il nous balade, d’hôtel en cimetière en passant par la maison familiale. Il nous intrigue avec des femmes qui viennent éclairer ce récit de couleurs parfois chatoyantes. 

La présence de Sandra est plus importante que celle des autres. Amourette ? Passion ? Illusion ? On peut tout imaginer, et en finalité, j’ai ma propre réponse, la question reste ouverte pour laisser notre imagination faire son travail. 

Quand au titre, il faut attendre les dernières pages pour enfin comprendre, ce que cela signifie vraiment. 

Une nouvelle fois, je tâche de ne pas trop en dire, il vaut mieux le lire. Mais je suis ravie d’avoir découvert ce livre que je n’aurais probablement jamais acheté. Je m’attache trop aux titres et couvertures, j’en ai eu une nouvelle fois la preuve. 

Je reste d’avis que ce vilain corbeau dessert ce très joli livre, ce qui est dommage. C’est mon seul regret. 

Un livre assez court (264 pages), qui se lit aisément. Dans un français très agréable, riche mais pas redondant. Une très jolie rencontre livresque. 

Acha-Chafra, je l’ai beaucoup aimé. 
  

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